Ndayishimiye tance les as du crime dans sa police : franchira-t-il le Rubicon ?

En réalité, hormis son pompeux titre de Chef de l'Etat et Commandant en Chef des Forces de Défense et de Sécurité, Evariste Ndayishimiye est pertinemment convaincu qu'il n'a aucune emprise sur le cocktail de policiers/Imbonerakure qui fait la pluie et le beau temps depuis plus de quinze ans au Burundi.

Par
Burundi Daily
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18.6.2021
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Gouvernance

Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, a pris tout le monde de court en mettant en garde des policiers qui excellent dans le lugubre en tuant, kidnappant ou torturant des citoyens innocents.

« Je refuse que demain l'on dise que le gouvernement Ndayishimiye, a couvert des criminels parce qu'ils étaient de la même famille, ethnie, etc. », a-t-il lancé le week-end dernier en procédant à l'ouverture de l'année Académique et à l'incorporation des candidats Officiers de la 5ème promotion à l'Institut Supérieur de Police.

«Après mon mandat, je ne voudrais pas être poursuivi par la justice internationale  pour des crimes graves commis pendant ma présidence».

Ainsi, le général Evariste Ndayishimiye a demandé aux forces de sécurité de jouer « le rôle de médiateurs en cette période de réconciliation nationale en faisant preuve de professionnalisme dans l'exercice de leur fonction », en combattant « la corruption et en faisant respecter la loi et les droits de l'Homme ».

Mais visiblement, son discours  a très peu de chance de dépasser le simple niveau d'intentions ou de souhaits.

Car tout comme il a été incapable d'acculer les dignitaires du régime CNDD-FDD à déclarer leurs biens avant leur entrée en fonction comme il l'avait promis au tout début de son mandat, il aura du mal à remettre dans les rangs les policiers enragés qui ont la gâchette facile aux opposants réels ou présumés.

De l'avis des militants des droits de l'homme, le nouveau président burundais fait penser à la fameuse chanson «Paroles, paroles» de Dalida.  Dans cette chanson devenue culte à l'époque, les paroles décrivent la conversation d'un homme offrant à une femme "des caramels, des bonbons et du chocolat" suivie d'une pluie de compliments, à ce qu'elle dit, mais cela ne l'impressionnait  guère car ce n'était que des "paroles" – des mots vides.

En réalité, hormis son pompeux titre de  Chef de l'Etat et Commandant en Chef des Forces de Défense et de Sécurité, Evariste Ndayishimiye est pertinemment convaincu qu'il n'a aucune emprise sur le cocktail de policiers/Imbonerakure qui fait la pluie et le beau temps depuis plus de quinze ans au Burundi.

Même l'ONU qui, dans son narratif, qualifie de milices les jeunes Imbonerakure du parti au pouvoir, est au courant des exactions des policiers burundais et de l'impunité dont ils jouissent. C'est ainsi que chaque policier burundais est déclaré persona non grata au sein des opérations onusiennes de maintien de la paix.

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