Pogrom de Kibimba : Evariste Ndayishimiye arête net le rituel annuel de recueillement sur le site

Pour la première fois depuis 27 ans, les parents et proches des victimes n’ont pas eu ce menu privilège ce mercredi.Le général Evariste Ndayishimiye met un trait sur ce rituel annuel qui titillait la conscience du rebelle hutu qu’il n’aurait peut-être jamais cessé d’être.

Par
Burundi Daily
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22.10.2020
Categorie:
Politique

Aussitôt investi, le nouveau président burundais, Evariste Ndayishimiye ne tarde pas à dévoiler son négationnisme hutisant vis-à-vis des rescapés du génocide perpétré contre les tutsis et autres hutus non acquis à l’idée de la solution finale.

Pour illustrer sa stratégie méphistophélique, Ndayishimiye barre la route, via son commis provincial Venant Manirambona, gouverneur de Gitega, à ceux qui veulent aller se recueillir au mémorial de Kwibubu en commune Giheta où reposent plus de 150 élèves tutsis brûlés vif le 21 octobre 1993 dans la foulée de l’assassinat de l’ancien président Melchior Ndadaye.

Pour la première fois depuis 27 ans, les parents et proches des victimes n’ont pas eu ce menu privilège ce mercredi.

Le général Evariste Ndayishimiye met un trait sur ce rituel annuel qui titillait la conscience du rebelle hutu qu’il n’aurait peut-être jamais cessé d’être.

Car si le génocide perpétré contre les tutsis en 1993 a été officiellement conçu et exécuté par le parti FRODEBU, Front pour la démocratie au Burundi, il n’est pas moins vrai que mouvement rebelle CNDD-FDD, branche armée du FRODEBU, a constitué le creuset des seconds couteaux qui ont prolongé le carnage programmé contre les tutsis.

L’interdiction de la visite symbolique du site de KWIBUBU qui porte la marque tout aussi symbolique du « PLUS JAMAIS CA » vient donc d’en haut et non directement du gouverneur de Gitaga qui en endosse officiellement la responsabilité.

Pour motiver cette décision, le gouverneur de Gitega a évoqué « des raisons de sécurité », arguant que le site de KWIBUBU est sur la colline natale du président Évariste Ndayishimiye, qui y dispose une résidence.

A vrai dire, ce prétexte est très léger. Il cache mal le négationnisme qui en est le réel ressort.

Les associations de défense contre le génocide sont outrées. Selon Térence Mushano, vice président de l’association Ac Génocide Cirimoso, « reporter sine die cette date significative de la commémoration, revient à une qualification de négationnisme pour nous », explique-t-il tout en insistant que le gouvernement du Burundi devrait plutôt accepter sans ambiguïté la commémoration des crimes de génocide, le souvenir de mémoire, le recueillement ….pour « rendre hommage à ces disparus qui ont été assassinés lâchement et injustement ».

Cette mesure qui intervient quelques mois après la commémoration en grandes pompes de la tragédie survenue en 1995 à l’Université du Burundi et qui a emporté des étudiants hutus. Cela prouve à suffisance que le régime burundais s’illustre plus que jamais par le deux poids deux mesures.

Visiblement, le régime victimise les hutus et criminalise les tutsis. C’est aussi cette logique qui guide la CVR dans son ardeur à enquêter sur les fosses communes qui récelerait lles restes des victimes de la crise de 1972 dont les hutus se disent cibles privilégiées. Tout en condamnant les auteurs de la tragédie de 1972 et de toutes les autres qui ont endeuillé le Burundi, il faut rappeler que la tâche de Kibubu restera à jamais indélébile et qu’innocents tutsis y ont été carbonisés par des hutus.

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