Comment ruiner une économie: Les caciques du CNDD-FDD dynamitent des sociétés publiques pour initier les leurs avec des fonds mal acquis

Il est désormais clair pour tout observateur avisé que cette gestion ruineuse d’entreprises étatiques qui, même si elles étaient encore peu performantes (car soumises à la bureaucratie étatique), étaient autrefois rentables, est intentionnelle. Les caciques du régime CNDD-FDD veulent donc faire table rase du paysage industriel burundais dans le domaine public. Simplement pour créer leurs propres entreprises avec de l'argent illicitement amassé en grugeant les citoyens, contribuables.

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Burundi Daily
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12.4.2024
Categorie:
Politique

Tout pays dont les dirigeants se soucient davantage de leurs intérêts économiques personnels que de ceux du pays qu’ils dirigent est voué à la ruine. Cela n’est pas possible que dans un contexte de mauvaise gouvernance, incompétence, clientélisme grossier et une corruption omniprésente.

Les effets cumulatifs de ces maux aboutissent généralement à un état de régime mafieux, où le pouvoir, l’argent et l’influence sont concentrés entre les mains d’une petite et puissante élite. En fin de compte, cette élite abandonne toute prétention de vouloir gouverner et recourt simplement à l'usage du pouvoir, des institutions et moyens de l’État dans une poursuite d’enrichissement personnel.

Au Burundi, ce détournement et cette ruine de l’économie par une élite dirigeante de type mafieux sont illustrés par un fait qui est maintenant plus évident que jamais: En deux décennies de règne, le régime CNDD-FDD, il se remarque que la quasi-totalité des entreprises publiques sont tombées en faillite.  C'est une illustration éloquente de la manière dont les généraux au pouvoir ont fait mordre la poussière à toute l'économie du Burundi.

A titre d'exemple, la société sucrière du Moso, SOSUMO, unique société sucrière du Burundi vient de mettre la clé sous le paillasson. Le sucre est donc devenu une denrée rare au Burundi.  D'où des queues interminables devant la moindre boutique du quartier qui en dispose quelques grains, vendus à condition d'exhiber un cahier de ménage dûment signé par un chef de quartier, issus, cela va sans dire, du CNDD-FDD au pouvoir.

Officiellement, la faillite de la SOSUMO est mise au dos du personnel qui aurait mal entretenu l'outil de production déjà vieux de plusieurs décennies. Mais en réalité, cette entreprise est victime d'un mauvais management comme c'est le cas des autres entreprises ; et d'une nette volonté d'écarter des tutsis, systématiquement remplacés par des hutus sans aucune considération de mérite ou de profil scientifique. La SOSUMO fout donc le camp, comme ses deux autres sœurs: la REGIDESO et l'ONATEL.

Forte d'une main-d'œuvre pléthorique de 1000 salariés et des dettes non-recouvrées estimées à plus de 70 milliards de Francs Burundais, la Régie de production et de commercialisation de l'eau et de l'électricité, REGIDESO, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Ici comme ailleurs, les autorités burundaises incriminent le personnel.

Selon le ministre de tutelle, la REGIDESO est victime de l'incivisme de ses salariés qui s'en font plein les poches au lieu de s'investir pour le développement de l'entreprise et du pays. Des stocks dits « morts » sont évalués à plus de 13 milliards BIF, un recouvrement non suivi, des raccordements truqués, un personnel pléthorique, telles les irrégularités souvent relevées par le ministre pour vilipender le personnel. Étonnamment, les dirigeants de ces entreprises publique sont nommés par décret présidentiel, mais d’une manière ou d’une autre, ils ne sont presque jamais blâmés pour leur incompétence ni démis de leurs fonctions pour mauvaise gestion.

La REGIDESO fout le camp, comme l'ONATEL, une autre entreprise publique mal aimée des autorités.

Pour le cas de l'ONATEL, le chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye ne mâche pas ses mots : le personnel, estimé à 5000 ne sera plus payé. Au contraire. L'Etat va les poursuivre en justice pour hold-up massif. Il les prend pour des bandits. Sans plus.

« Imaginez combien d'argent le gouvernement a injecté dans l'Onatel, mais aucun bénéfice n'a été dégagé. Et vous voyez les syndicalistes bomber le torse. Qu'est-ce qu'ils ont fait pour nous ? Un jour, nous allons réclamer notre argent. Je vais commencer à arrêter ces syndicalistes. S'ils ne nous montrent pas où ils ont mis notre argent, nous allons les jeter en prison. On ne badine pas avec notre argent ! Le syndicat devait se concentrer sur les études afin de trouver des stratégies pour rentabiliser notre capital. Est-ce que le gouvernement a investi cet argent pour qu'il soit bousillé par eux seuls ? Moins de 5000 personnes veulent manger l'argent de tous les Burundais. NON ! Nous allons sévir. Vouloir le salaire sans travailler, ce n'est plus d'actualité », a-t-il déclaré à leur sujet.

Il est désormais clair pour tout observateur avisé que cette gestion ruineuse d’entreprises étatiques qui, même si elles étaient encore peu performantes (car soumises à la bureaucratie étatique), étaient autrefois rentables, est intentionnelle. Les caciques du régime CNDD-FDD veulent donc faire table rase du paysage industriel burundais dans le domaine public. Simplement pour créer leurs propres entreprises avec de l'argent illicitement amassé en grugeant les citoyens, contribuables. C'est cela l'unique stratégie du CNDD-FDD et de ses sbires qui squattent les institutions.

Cette stratégie a été initiée par le défunt président Pierre Nkurunziza et elle est poursuivie par son successeur, Evariste Ndayishimiye. Son épouse va dans tous les sens et gagne des marchés juteux au vu et au su de tous, notamment dans le secteur du carburant et la santé qui se "déclinent" en pénurie depuis plus de deux ans.

C'est pareil dans le secteur des engrais chimiques avec la fameuse FOMI, collé à l'homme d'affaires Adrien Ntigacika alias ZIRANOTSE. Sortie du néant il y a moins de 20 ans, cette icône du monde des affaires serait en réalité le pantin des caciques qui n'osent pas lever le masque en raison de leur position stratosphérique dans les institutions.

Le tableau est donc sombre de bout en bout et rien n'est improvisé. Le chef de l'Etat est convaincu d'exécuter un plan bien pensé de chosifier les uns pour déifier les autres, ceux de son propre camp.

Au diable le Burundi donc, tant que ce cercle mafieux de généraux continue de s'enrichir.

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