En quête de contrôle du pouvoir ou en guerre contre la corruption ?: Malgré les apparences, Evariste Ndayishimiye mènerait un combat de façade contre la corruption

C'est vrai que depuis deux ans, à titre exemplatif, au moins une dizaine de magistrats et cinq administrateurs de commune ont été arrêtés et écroués dans plusieurs provinces burundaises pour des affaires de corruption présumée ; c'est aussi vrai qu'une autre quinzaine d'administrateurs ont déjà été démis de leurs fonctions pour les mêmes motifs ; mais ce n'est qu'un leurre. De la poudre aux yeux des citoyens foncièrement niais qui pourraient croire qu'ils ont investi un Robin des bois en juin 2020 qui volera aux riches pour donner aux pauvres.

Par
Burundi Daily
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29.9.2023
Categorie:
Economie

Si le président burundais Evariste Ndayishimiye semble mettre tout le paquet dans la lutte contre les corrompus invétérés,  de son camp en l'occurrence, il n'est pas moins vrai que son combat reste de façade est qu'il le veut ainsi.

C'est vrai que depuis deux ans, à titre exemplatif, au moins une dizaine de magistrats et cinq administrateurs de commune ont été arrêtés et écroués dans plusieurs provinces burundaises pour des affaires de corruption présumée ; c'est aussi vrai qu'une autre quinzaine d'administrateurs ont déjà été démis de leurs fonctions pour les mêmes motifs ; mais ce n'est qu'un leurre. De la poudre aux yeux des citoyens foncièrement niais qui pourraient croire qu'ils ont investi un Robin des bois en juin 2020 qui volera aux riches pour donner aux pauvres. Parfait symbole de la résistance, de la générosité et de l'altruisme.

A vrai dire, entre Ndayishimiye et son prédécesseur Nkurunziza, c'est du blanc bonnet, bonnet blanc. L'actuel président n'a aucune intention de barrer la route aux corrompus. D'abord parce qu'il en est un. Les caciques de son parti, CNDD-FDD, ont bien fait de le lui rappeler, au lendemain de son coup de gueule à l'intention d'un ancien ministre de l'énergie qui a fait de tout un barrage de 54 milliards de BIF une bouchée. Il avait ordonné la restitution du fonds, initialement destiné à l'érection d'un barrage de Mpanda.

Mais sa colère s'est dissipée peu à peu et aucun franc n'a été remis à la caisse de l'Etat. Bien d'autres gros poissons continuent aussi à travers les mailles du filet. Car la grande corruption qui anémie l'économie burundaise est planifiée ou encouragée par Ndayishimiye. Elle est notamment signalée à l'Office burundais des recettes, au niveau des marchés publics, etc.

Ndayishimiye le sait mieux que quiconque. La corruption qu'il prétend combattre est systémique. Comme l'a si bien déclaré Faustin Ndikumana, figure de la société civile burundaise.

«Beaucoup d'infractions de corruption sont commises au plus haut sommet. Elles sont ignorées et impunies. Aucun procès n'a été engagé jusque-là. Le dossier de la corruption n'est plus tabou, dirait-on, mais une stratégie encore bien cadrée n'a pas encore été mise au point», a-t-il déclaré.

Ndayishimiye est timoré. Rien ne prouve qu'il soit lui-même au-dessus de la mêlée. Pourtant, il se dit magistrat suprême. Et il pèse de tout son poids dans les décisions des juges sur des dossiers politiques.

C'est pourquoi le système judiciaire burundais n'est pas indépendant. Malgré ses appels à la réforme, aucune mesure substantielle n'a été prise pour mettre un terme à l'ingérence politique et libérer les prisonniers politiques.

Aujourd'hui plus qu'hier, le Burundi est littéralement gangréné.

C'est ainsi que des organisations de défense des droits humains internationales comme burundaises continuent à documenter des meurtres, des disparitions, des actes de torture et mauvais traitements, des arrestations arbitraires, ainsi que des détentions d'opposants réels ou présumés. Des cadavres non-identifiés, souvent mutilés ou ligotés, ont été découverts à intervalles réguliers dans différentes régions du pays, avant d'être enterrés par les autorités locales, des membres des Imbonerakure ou des policiers, sans qu'il y ait eu d'enquête.

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