Bilan du CNDD-FDD : Deux décennies de pouvoir, deux décennies de régression

Vingt ans après son arrivée triomphale au pouvoir, le CNDD-FDD apparaît comme un parti à bout de souffle, dont le bilan est marqué par la dégradation économique, la régression démocratique et l’effondrement moral. Loin d’avoir reconstruit la nation, il a poussé le Burundi dans un cycle de stagnation et de peur, transformant une promesse de paix en une réalité de misère et d’oppression.

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2.9.2025
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Politique

Le CNDD-FDD, au pouvoir depuis 2005, semble aujourd'hui prisonnier d'une narration héroïque qui contraste violemment avec la réalité sociale, économique et politique du Burundi. Si le parti se présente comme le libérateur du peuple hutu, venu restaurer la paix et la stabilité après des décennies de violence, le bilan factuel de ses vingt ans de gouvernance révèle un pays au bord de l’effondrement.

Un échec socio-économique manifeste

Les chiffres sont implacables. Le taux de croissance, qui avait timidement redémarré en 2005 à 0,9 %, a sombré à -1,5 % en 2025, reflet d’une économie exsangue, minée par une mauvaise gestion, des choix politiques désastreux, et une absence de vision à long terme. 80 % de la population vit aujourd’hui dans l’extrême pauvreté, pendant que l’inflation dépasse les 40 %, aggravant encore l’insécurité alimentaire et la précarité.

Le pays fait face à des pénuries chroniques de biens stratégiques : carburant, médicaments, engrais, eau, électricité, produits de base… Ces carences traduisent non seulement une incapacité structurelle à gouverner, mais aussi une forme de négligence volontaire vis-à-vis du bien-être des citoyens. Cette faillite économique n'est pas simplement conjoncturelle ; elle est systémique et idéologiquement entretenue par un régime qui privilégie l'apparence au fond, la propagande à l’action.

Une gouvernance autoritaire et répressive

Le tableau sécuritaire et politique n’est guère plus reluisant. Sous couvert de paix retrouvée, le CNDD-FDD a instauré un régime de la peur : disparitions forcées, enlèvements, assassinats ciblés et expropriations sont devenus des pratiques banalisées. La loi de la jungle semble avoir remplacé l’État de droit, dans un climat où l’appareil répressif a supplanté les institutions républicaines.

Loin d’un projet national inclusif, le parti a mis en place une structure clientéliste qui asphyxie l’opposition, manipule les masses par la peur et l’idéologie, et s’accroche au pouvoir sous des airs de légitimité révolutionnaire. Le discours officiel, triomphaliste et populiste, est en total décalage avec les souffrances quotidiennes du peuple.

Le populisme comme ligne de conduite

Le CNDD-FDD s’est enfermé dans une démagogie sans finesse, où les slogans vides de sens remplacent les politiques publiques concrètes. Loin d’un projet de société cohérent, le discours du parti s’appuie sur la victimisation historique et le mythe du sauveur, rejetant toute critique comme complot de jaloux ou d’ennemis de la paix.

Le régime préfère flatter les instincts que de confronter la réalité, manipulant l’histoire pour maintenir une emprise émotionnelle sur une population désillusionnée, plutôt que de proposer une vision réaliste et inclusive pour l’avenir du pays.

Un pouvoir sans cap, un peuple sans espoir

Vingt ans après son arrivée triomphale au pouvoir, le CNDD-FDD apparaît comme un parti à bout de souffle, dont le bilan est marqué par la dégradation économique, la régression démocratique et l’effondrement moral. Loin d’avoir reconstruit la nation, il a poussé le Burundi dans un cycle de stagnation et de peur, transformant une promesse de paix en une réalité de misère et d’oppression.

Le temps des illusions est révolu. L’heure n’est plus aux récits héroïques, mais à la reddition des comptes. Le Burundi mérite mieux qu’un pouvoir aveuglé par ses propres mythes.

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